La musique Andalouse est le résultat d’un métissage entre la musique arabe, la musique afro-berbère et la musique pratiquée dans la péninsule Ibérique du temps où, en 711, sous le règne des Omeyades (661-750)
Tarik Ibnu Ziad conquiert la péninsule Ibérique pour y célébrer la gloire de l’islam. Cet art enrichira plus tard les folklores espagnols et donnera naissance notamment au flamenco. C’est un répertoire lyrique et instrumental transmis depuis des siècles confortant l’oralité par la conjonction de la théorie modale des tubû et d’un système particulier de formules rythmiques. Elle représente la musique classique profane. C’est sous le nom de tarab al- Âla, ou tout simplement al- Âla, que le répertoire classique des Nouba marocaines sera connu jusqu’à la diffusion travaux des Orientalistes des qui adoptent, des termes comme “musique andalouse- marocaine”, “musique arabo-andalouse-marocaine”, “musique andalouse-maghrébine” ou “musique hispano-musulmane”. Le professeur Mohammed El Fassi tranchera cette question en faisant remarquer que le terme “musique andalouse” est inadéquat, car il nie aux Marocains leur contribution à l’éclosion et au développement de la Nouba alors que le répertoire actuel leur doit beaucoup. Il fallait donc consacrer l’ancienne appellation al-Âla que le peuple utilisait en opposition au Samâ. Ainsi, les termes al- Âla, tarab al-Âla, Andaloussi pour souligner le caractère historique de la genèse et du développement du style Andalous, fassiya (originaire de Fès) ou tetouanniyya (originaire de Tétouan), sont utilisés seulement en langage familier, alors que les écrits savants et les manuscrits parlent de “musique andalouse- marocaine”, “musique arabo- andalouse-marocaine”, de tubû ou de Nouba.
La Nouba marocaine : La Nouba est une forme de la musique arabo-andalouse. Elle consiste en une suite chantée et instrumentée de différents poèmes entrecoupées de pièces musicales instrumentales, libres ou mesurées. L’ensemble est précédé d’une ou de deux introductions instrumentales. La Nouba est chantée à l’unisson par les instrumentistes en hétérophonie, c’est à dire par enchevêtrement des voix. Elle juxtapose une série de mouvements (cinq au Maroc) qui ne sont pas tous forcément interprétés lors d’une même exécution. Chacun d’eux adopte une formule rythmique particulière et la tendance générale est d’aller vers l’accélération. La Nouba est fondée sur la notion de mode que l’on nomme tab’ (caractère). C’est lui qui assure à la nouba sa cohérence et son identité. Un seul mode la dirige, mais des modes secondaires s’y greffent, discrets et en petit nombre. Il n’y a jamais de modulations brusques. Mais, en réalité, il n’y a pas d’interprétations standards de chaque Nouba. Elles varient en fonction des écoles et des praticiens.
Chants et musiques populaires berbères. Les Berbères sont les premiers habitants du Maroc. Ils habitent essentiellement la partie montagneuse du Maroc, Le Rif et l’ Atlass
Les Aïssawas : C’est une confrérie qui se trouve principalement dans la région de Fès et de Meknès.
La confrèrie des Aïssawas été fondée au XVIème siècle par Sidi Mohammed Ben Aïssa appelé aussi Cheikh El Kamel.On raconte qu’à sa mort en 1526 bouleversé, l’un de ses disciples se mit en transe et lacéra ses vêtements et et son corp.Dans cet état, il alla jusqu’à dévorer cru un mouton et une chèvre.
Cette légende est à l’origine de deux pratiques fondamentales de la confrérie : la hadra (pratique collective de transe) et la frissa particulière aux Aïssawas.
Le moussem le plus important des Aïssawas se tient annuellement à Meknès près du sanctuaire du Cheikh Al Kamel, à l’occasion de la célébration de l’anniversaire de la naissance du Prophète Sidna Mohammed (QPSSL) Les Aïssawas se rendent également dans les maisons à la demande des familles : la lila (nuit) est une fête animée par les chants et la hadra, à l’occasion de la célébration d’un événement heureux, ou pour invoquer la baraka du Cheikh Al Kamel, ou pour résoudre des problèmes épineux. Dans la « Hadra » le nom de Dieu (allah) est invoqué inlassablement dans les prières jusqu’à prendre le corps puis l’esprit, de cet état découle la transe.
Chants Soufis :
Les soufis ont développé deux cérémonies associant la musique à leur quête spirituelle :
« Le Samaâ » :(Audition) Cérémonie faite de prière, de musique et de danses qui fait accéder à l’état de grâce et d’extase. Sa musique est surtout chantée, la part instrumentale étant beaucoup moins importante. Le concert se déroule sous la direction d’un maître spirituel, le cheikh, et le chant solo est exécuté par le « quawal » celui-ci étant choisi pour la beauté de sa voix. Les fidèles écoutent ce concert, assis et se laissent peu à peu gagner par la transe. Les instruments utilisés sont le tambour sur cadre et la flûte oblique Au cours du temps, d’autres instruments ont été employés. Essentiellement vocal, il s’agit avant tout de chanter les sourates du Coran et des vers de poésie. Le rythme et la mesure de ces vers déclenchent la transe.
« Le dikr » (au pluriel ladkar) est une prière qui peut être comparée à une litanie, le nom de Dieu est répété inlassablement jusqu’à prendre le corps puis l’esprit, amenant ainsi à un état de transe et à un anéantissement de la conscience. La pratique du dikr revêt deux aspects principaux : celui qui est solitaire et celui qui est collectif, ce dernier étant lié à la musique et à la danse. Sa pratique est différente de celle du samaâ dans la mesure où toute l’assemblée est prise par un état de transe. Le dikr est aussi dirigé par un maître spirituel, le cheikh auquel s’adjoignent les chanteurs. Les prières sont chantées et reprises en chœur par l’assemblée. Elles sont accompagnées très vite d’un mouvement du buste d’avant en arrière, ce mouvement introduit une ascension dans le chant jusqu’à amener l’état de transe. La transe ici est plus communielle. Le dikr a aussi une place importante dans toutes les étapes de la vie agricole : les labours, les moissons, le dépiquage, mais aussi le travail de la laine. L’invocation de façon répétitive du nom de Dieu vise à prévenir les effets néfastes sur les récoltes tels que la grêle, le gel, le vent trop fort. Les chants, aussi bien chantés par les hommes que par les femmes, sont un mélange d’arabe et de berbère. Ils ou elles se réunissent en séances au cours desquelles les versets font l’objet de répétitions dont le nombre est fixé par la tradition.